Emballages réemployables pour frigos connectés : une bonne idée?

En signant la charte pour la restauration livrée en 2021, Foodles s'est engagé dans les initiatives menées par le Ministère de la Transition Écologique pour éliminer le plastique. À cette époque, l’ensemble du secteur se tourne vers la consigne, perçue comme la « solution miracle » face au tout-jetable.

Cela amène Foodles à se poser des questions : est-il possible de mettre en place un système de consigne qui soit à la fois écologique (plus durable qu’un produit à usage unique) et économiquement viable (avec un coût acceptable pour le consommateur final) ? Si oui, quel matériau devrait être utilisé pour minimiser l'impact environnemental ?

Après plus de deux ans de tests à grande échelle, Foodles partage aujourd'hui quelques enseignements tirés de ces projets.

Foodles teste la consigne

En 2021, Foodles lance son "test consigne" en choisissant, dans un premier temps, des contenants en verre ultra-résistants, malgré les réticences de ses partenaires traiteurs.

Il lui semble d'abord essentiel de développer un système sécurisé pour faciliter le retour des contenants dans les espaces de restauration. Ce système est relié à la monétique, avec une somme avancée par le client, qui lui est remboursée au retour du contenant. L’idée est de rendre l’expérience aussi simple que possible : un code-barres est scanné au moment où le plat est déposé dans le meuble dédié.

Des résultats décevants

Après des mois de tests à grande échelle sur un échantillon représentatif de clients (une vingtaine), Foodles commence à douter de la viabilité de ce modèle.

Malgré des efforts importants (meuble sécurisé, logistique adaptée et communication renforcée), les taux de retour sont faibles. Entre les pertes (contenants non rendus) et la casse, les contenants ne sont en moyenne réutilisés que 7 fois.

Pire encore, les contenants en verre, malgré des précautions de manipulation, se brisent régulièrement. Cela pousse Foodles à passer aux contenants en résine pour la suite des tests. Cependant, ce changement n'améliore pas la situation. À la place des casses de verre, ce sont les rayures sur la résine (qui rendent les contrôles bactériologiques inadaptés) et les colorations dues aux sauces qui posent problème.

L'Analyse de Cycle de Vie (ACV) : entre attentes et réalité

Face à ces premiers résultats décevants, Foodles commande une Analyse de Cycle de Vie (ACV) auprès de Greenly pour évaluer si la consigne est réellement une solution écologique dans son cas. L’objectif est de trouver le packaging le plus adapté pour son modèle de livraison de repas dans des frigos connectés.

L'ACV évalue l'impact environnemental de trois types d'emballages : le verre consigné, la résine consignée et la bagasse jetable (fabriquée à partir de pulpe de canne à sucre et d’amidon de maïs), tout en tenant compte des contraintes opérationnelles de Foodles.

Résultats de l'ACV : la consigne est-elle vraiment écologique ?

Les résultats sont clairs : pour que le verre soit plus écologique qu’un emballage jetable en bagasse, il doit être réutilisé 400 fois, et la résine 21 fois.

Pour donner un ordre d’idée, un cycle d’utilisation chez Foodles dure environ 15 jours. Cela signifie que :

  • La résine doit être utilisée pendant environ un an.
  • Le verre, lui, devrait être utilisé pendant 16 ans (oui, 16 ans !).

Avec une moyenne de 7 cycles obtenus lors des tests, Foodles est encore loin d’atteindre ces objectifs.

Surpris par ces résultats, Foodles fait appel à un autre organisme, Aktio, pour confirmer les données. Les résultats confirment que la bagasse jetable est bien plus respectueuse de l’environnement que la consigne, quel que soit le type de contenant utilisé.

Bien que la bagasse ne soit pas une solution parfaite, elle reste la plus adaptée aux besoins actuels de Foodles.

Conclusion : la consigne n’est pas adaptée au modèle de Foodles

Outre son impact écologique, Foodles a estimé que le coût de la consigne (transport, lavage, pertes dues à la faible réutilisation) représente environ 2 € par repas, un coût difficile à absorber dans le contexte économique actuel marqué par l’inflation. 

Il n’existe pas de solution d'emballage parfaite, mais il est certain que la consigne n’est pas adaptée au modèle de livraison de Foodles, en raison du faible taux de réutilisation atteint.

Enfin, comme le montrent les différents bilans carbone scope 3 de Foodles, l’emballage est important, mais il est tout aussi crucial de s’intéresser au contenu des repas pour réduire leur empreinte carbone.